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Réseau Intersyndical
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L’environnement, tout le monde y gagne…

L’environnement, tout le monde y gagne…

Qui pense à émissions de CO2 au travail, pensera en premier lieu aux émissions des usines ou aux effluves de diesel des camions. Mais les environnements de bureaux peuvent eux aussi occasionner beaucoup de pollution. De ‘petites’ mesures vertes peuvent avoir d’importants effets bénéfiques sur l’environnement, surtout s’il s’agit de bureaux où travaillent des milliers d’employés. Rencontre chez Belfius et AG Insurance avec deux délégués qui en ont fait leur cheval de bataille, Philip Spruyt (AG Insurance) et Martine Van Opstal (Belfius).

Martine Van Opstal : « Mon engagement environnemental au travail est le prolongement de mes intérêts personnels. Dans ma vie privée aussi, je fais très attention à ce que je mange, à ma gestion des déchets et à mon mode de déplacement ».
Philip Spruyt : « C’est également mon cas. Je suis actif chez Velt (ndlr : une association se focalisant sur un mode de vie et de jardinage écologique) et suis membre depuis des années de Greenpeace. Je perçois le travail syndical comme une manière idéale de faire passer également cette passion dans mon propre environnement de travail ».

Vous travaillez tous les deux pour des entreprises occupant des milliers d’employés. À noter : il existe au sein de votre CPPT un groupe distinct se réunissant sur les questions environnementales. Cette approche spécialisée porte-t-elle ses fruits ?

M.V.O. : « Une grande entreprise comme Belfius a depuis longtemps déjà pour tradition de fonctionner avec des comités spécifiques. Je siège depuis 8 ans au comité Environnement et n’y voit que des avantages, car un CPPT chez nous compte rapidement une cinquantaine de participants. Réfléchir à des questions environnementale et en discuter dans un tel contexte ne serait absolument pas productif ».

P.S. : « Chez AG Insurance, le comité Environnement est une nouveauté, nous sommes en pleine phase de lancement. Nous allons, à cet égard, profiter pleinement de l’expérience acquise par Martine d’autres délégué en la matière ».
Échanger des expériences en matière d’environnement, comment abordez-vous cela ?

P.S. : « Personnellement, je trouve l’initiative bruxelloise BRISE très précieuse. C’est une plate-forme au sein de laquelle les délégués de tous les syndicats peuvent se réunir sur des thèmes spécifiques. Des formations et journées d’étude y sont associées chaque année. À mes yeux, la plus-value se situe surtout dans l’échange d’idées et d’expériences. C’est là que j’ai trouvé l’idée de créer un comité distinct qui s’occuperait d’environnement chez AG Insurance ».

M.V.O. : « L’aspect agréable des réunions dans le cadre de BRISE est d’être entouré de personnes partageant vos opinions. Au sein de votre délégation syndicale, vous êtes souvent l’élément « à part », qui « parle toujours environnement ». Un tel groupe m’apporte énormément de soutien ! Et pas que mental d’ailleurs : les fiches pratiques publiées par BRISE sur des thèmes concrets comme les gobelets en plastique ou les frigos utilisés dans l’entreprise sont à tout le moins aussi importantes ».

Quelles mesures vertes concrètes avez-vous déjà forcées dans l’entreprise ?

P.S. : « Le comité Environnement étant en pleine phase de lancement, je considère cet aspect comme le principal défi. Les mesures concrètes devront émaner de cet organe. Les ambitions ne manquent pas ! Je pense à cet égard à la consommation d’eau et à la politique en matière de chauffage. En théorie, la température chez nous ne pourrait jamais dépasser les 25°, mais en raison des nombreux ordinateurs allumés, elle est régulièrement nettement plus élevée. C’est mauvais non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la qualité de l’air que respirent les travailleurs ».

M.V.O. : « Chez Belfius, nous avons pu écrire une véritable ‘success story’ au niveau de la politique des déchets. En prenant quelques mesures simples, nous sommes parvenus à récolter séparément de très nombreux déchets. La suppression des gobelets en plastique et la réduction de la consommation de papier a également permis de réduire fortement la montagne de déchets ».

Comment parvenez-vous à convaincre les directions ?

M.V.O. : « Il faut toujours défendre des situations win-win. La politique en matière de déchets en est l’exemple par excellence. Désormais, la composante de la banque chargée du traitement des déchets réalise même des bénéfices ! Ainsi, les déchets recyclés peuvent à présent être vendus. Dans un tel comité Environnement, je cherche toujours les points de convergence avec la direction, ce que permet ce thème ».

P.S. : « Je pense que l’inverse est vrai aussi. Pour les directions, les mesures environnementales sont souvent un moyen de réaliser des économies, même si elles ne le diront jamais en ces termes. Chez AG Insurance aussi, la direction a lancé un ‘paper challenge’ afin de réduire la consommation de papier. Il était toutefois évident pour tous qu’il s’agissait d’une opération visant à réaliser des économies, avec peu de perspectives environnementales. Le projet fonctionne, mais surtout parce qu’il est imposé par la direction. Une motivation erronée pour ce qui aurait pu être en substance un projet vert ».

J’imagine que les membres du personnel jugent de telles interventions souvent ‘intrusives’ ?

M.V.O. : « Il est effectivement extrêmement important de parvenir à motiver tout le monde. Ainsi, chez Belfius, nous avons introduit les ‘ éco-coaches’. Ce sont des membres du personnel qui, par service ou étage, réfléchissent à des mesures environnementales. Ils vérifient également si toutes les mesures prévues sont bien introduites. J’avais de gros doutes quant à notre capacité à trouver suffisamment de volontaires, mais cela fonctionnement apparemment à merveille. Voilà une excellente manière d’impliquer les travailleurs dans la vie au travail ».